20/05
Tehachapi
Grasse matinée jusqu’à 9h ! Fou comme ça fait du bien ! En plus aujourd’hui je n’ai strictement rien à faire comme j’ai tout fait hier (achat ravitaillement et lessive). Du coup je ne ferai rien !
21/05
Le désert… le retour !
Ce matin c’est réveil matinal pour essayer d’avoir un chauffeur tôt pour éviter la chaleur… car oui ça y est retour dans le désert ma bête noire et aussi la section que je redoute le plus depuis que je prépare ce trail…
Nous voilà donc Eike, Emily et moi même devant la rampe d’accès de l’autoroute an faire du stop à 7h du matin. Seul problème on est dimanche et comment dire y a pas vraiment de voitures qui passent… mais finalement la chance nous sourit ! Un homme s’arrête et nous dit qu’il ne va pas par là mais qu’il veut bien nous amener quand même !! Top gentillesse quoi ! Il est adorable et nous pose plein de questions et nous parle de son fils qui vient d’escalader le Mont Whitney (côté glacier). Bon on parlera tellement qu’il ne se rendra pas compte qu’il conduisait un peu vite et bam une voiture de police nous arrête… au final rien de grave il va expliquer qu’il nous emmène sur le trail (on sort nos plus beaux sourires et accents étrangers) et s’en sortira juste avec un avertissement. Je précise que le policier était très sympa, il nous souhaitera aussi un bon trail 🙂
Au final on reprend le trail à 8h… pas si mal… et ça débute par du pas très glamour puisqu’on longe l’autoroute pendant 2 miles.
Sur le trail j’aperçois Emilie et Eike arrêtées… en fait un énorme Serpent à sonnette est au milieu du trail et pas très content (Emily a failli lui marcher dessus en même temps) ! Des qu’on s’approche de trop près il enclenche sa sonnette et se dresse en mode « approche et je te bouffe »… pas très coopératif. Bref on fera un graaand détour hors trail pour éviter monsieur grognon et continuer notre chemin.
Après c’est 5 miles de souffrance en montée bien violente. J’ai le nez bouché, j’éternue et j’ai du mal à respirer… c’est officiel je suis allergique au désert ! 😉 c’est assez interminable (bon aussi je fais beaucoup de pauses) et il fait déjà très chaud et très sec. Je bois beaucoup et très vite je réalise que je n’ai peut-être pas pris assez d’eau aujourd’hui… rien de grave mais je sens que ça va être une longue journée !
Enfin arrivée en haut je rejoins les filles qui font une pause, je fais de même parce que cette montée m’a achevée ! On regarde le tracé, le prochain point d’eau est à 10 miles on décide aussi d’y camper car il n’y a pas d’autre source avant 20 miles après ça. On reprend la route pour encore 4 miles avant la pause déjeuner. 4 miles pourtant pas trop dur mais décidément aujourd’hui j’ai du mal c’est un de ces mauvais jours… j’ai l’impression d’être au ralenti !
Je croise un Ranger en patrouille (décidément les forces de l’ordre sont partout aujourd’hui !) on discute un peu il me souhaite un bon trail et me dit que demain il va faire chaud… du coup aujourd’hui il ne fait pas chaud ? je le note ^^
Je reste à l’ombre de 13h30 à 15h pendant la pause déjeuner histoire de laisser passer un peu la chaleur… ca ne marche pas vraiment mais après tout il ne reste que 6 miles à faire ! Bon problème je n’ai plus qu’un peu moins d’un 3/4 de litre de d’eau… je rationne donc mais franchement j’en ai bavé ! J’ai la gorge très sèche et j’ai juste soif ! Je m’occupe l’esprit en rêvant de coca frais ou d’eau gazeuse au citron dans un verre avec des glaçons… ce qui je l’avoue n’aide pas à m’empêcher d’avoir soif ! Bon soyons d’accord je n’étais pas en danger du tout, c’était juste vraiment désagréable ! Je m’engueule aussi de ne pas avoir pris plus d’eau !
Arrivée au point d’eau c’est l’affluence… faut dire que l’eau se fait rare dans le désert !!! Dès que j’arrive je me jette sur l’eau et bois quasiment un litre et demi avant de retrouver figure humaine 😉
Certains repartent pour quelques miles après avoir fait le plein d’autres comme moi reste sur place ! Je suis moulue… un bon dîner et dodo !
[miles 583.3]
22/05
Bien mieux
Ce matin réveil à 5h (enfin 5h10 parce que j’ai pas entendu la première alarme ^^), ça pique un peu… je suis vraiment pas apte à me lever à cette heure ci… je pars à 6h. Et je suis loin d’être la première, beaucoup de tentes ont disparu sans que je les entende et j’ai vu Josh partir quand je me réveillait. Bref certains sont plus doués que moi pour les départs matinaux et éviter la chaleur. Bon d’autres dorment encore aussi ^^.
Aujourd’hui pas vraiment de difficultés, globalement ça va monter puis descendre tout le temps. Les quatre première heures passent assez vite, les miles défilent (10 à 10h encore une fois) il faut dire que la fraîcheur matinale et les montées peu violentes aident. À 10h je fais une pause avec Spider er Eike et je repars m’attaquer à La montée du jour.
En fait c’est une montée pas trop longue mais bien corsée et il commence à faire sacrément chaud ! Et du coup c’est un peu l’embouteillage car on est au moins six à se retrouver au même endroit à en baver tous ensemble. C’est la première fois que je marche à côté d’autant de monde ! D’habitude tu croise genre 5-6 personnes étalées dans la journée (hors camp et point d’eau) ! On se suit donc et de temps en temps celui qui est devant s’arrête sur le côté pour reprendre son souffle et se remet derrière, on dirait un peu j’e course de relais en patinage de vitesse ! Heureusement le supplice ne dure pas plus de 2 miles donc c’est très vite oublié.
Pour ma part je respire mieux aujourd’hui (j’ai pris un anti allergique) er je me sens mieux dans les montées. Je trouve même qu’il fait moins chaud qu’hier mais personne n’était d’accord avec moi… je pense que le manque d’eau hier m’a un peu fait perdre le sens des réalités ^^
Vers 11h30 on s’arrête tous (Emily, Spider, Anne Lise, Urs, Eike) sauf Josh qui est loin devant pour déjeuner. Je resterai jusqu’à 13h15 parce que je n’arrive pas à faire la sieste et donc je m’ennuie. Je voulais partir à 12h30 mais tout le monde le l’a déconseillé vu la chaleur.
Je repars donc seule et je ferai les 6 miles restant jusqu’au prochain point d’eau très tranquillement en prenant des pauses à l’ombre, en buvant beaucoup d’eau que j’avais en quantité aujourd’hui ! Je m’arrête à la marque des 600 miles pour la traditionnelle photo. Cette encore des montées et des descentes mais vraiment rien de violent du tout… entre nous on appelle ça « le plat PCT » (« PCT Flat ») parce que c’est quasiment jamais plat le PCT alors quand ça monte ou descend pas trop violemment ni trop longtemps on considère que c’est plat.
Au point d’eau je retrouve Josh qui fait la sieste et je récupère deux litre d’eau super fraîche ! Le bonheur ! J’en bois un litre direct (il me restait un peu d’eau mais plus que tiède ça faisait pas envie) et garde 1 litre pour les deux miles qui me sépare du camp qu’on a repéré et où on s’est donné rendez-vous. Camp qui comble du luxe bénéficie d’un point d’eau !
Arrivée au camp, il est 17h je prends le temps de me laver dans la petite rivière et de laver les chaussettes… c’est petits bonheurs qu’on a pas souvent ! Bon par contre seul inconvénient qui dit point d’eau dit moustiques alors je me fais un peu attaquer. Comme j’aime pas ça je mets direct du produit anti bébête !
Au camp il y a aussi Jean Marc un autre français que j’avais rencontré il y a quelques jours (et revu après le champ d’éoliennes quand je montait pour le camp). Il randonne seul car son collègue avec qui il était parti a abandonné au bout d’une semaine. On discute un peu c’est sympa.
Les autres arrivent, et chacun profite de l’eau pour faire brin de toilette et lessive. On essaye aussi d’établir un plan pour les jours à venir car après 6 miles depuis le camp in se retrouve avec une distance de 42 miles sans point d’eau ! Dans le désert ou ailleurs autant vous dire que ça ne va pas être possible… plusieurs choix : tomber sur une cache d’eau (sur lesquelles on ne peut pas compter) ou faire un détour un peu plus long mais avec de l’eau. On part sur le détour (mais si on trouve une cache d’eau sur le chemin on changera peut-être de plan).
Ensuite on dine tous ensemble et à 20h tout le monde au lit !
[miles 604.4]
23/05
Le désert c’est plus drôle du tout
Super camp ! On a dormi au milieu de la forêt c’était superbe, il y avait toute la bande et aussi Jean Marc (le français que j’ai revu à Tehachapi il a quelques jours). C’était super calme (bon sauf les nombreux coups de feu entendus hier soir -USA baby…-) et il y avait un point d’eau non indiqué sur les cartes qui coulait juste en bordure du camp. Bien contente qu’on est fait 2 miles de plus après le point d’eau « officiel » car il paraît qu’il y avait pas mal de campeurs là bas, nous on était bien tranquille !
Réveil à 5h, je vois Jean Marc partir 20 minutes plus tard et pour moi ça sera départ à 6.
Aujourd’hui on le sait ça va être compliqué : 42 miles sans point d’eau. Évidemment on espère trouver des caches d’eau laissées par de gentils bienfaiteurs mais bon on est sûrs de rien… c’est un peu effrayant d’être dans le désert sans être sûr d’avoir de l’eau… j’avoue que je trouve ça plutôt dangereux… l’eau c’est une de mes obsessions depuis le début ça me fait vraiment peur d’en manquer… encore une fois je ne suis pas une fille du désert. Bref je me rend quelques miles plus loin pour le dernier ravitaillement d’eau. Une marche assez facile pas de difficulté (PCT flat) et ça se fait dans la jolie forêt à l’ombre 🙂
Bon mais très vite ça se complique de manière assez violente, dès 8h00 (8h du matin !!!!) je sors de mon sanctuaire forestier pour rejoindre les crêtes et là la chaleur est étouffante. Bon pas de surprise c’est le désert je savais que ça allait être dur… je ne découvre pas ce fait… le désert c’est chaud. Mais le soleil tape très fort et je me demande vraiment ce que cela ça va donner d’ici quelques heures…
Les deux derniers miles c’est vraiment difficile… le paysage est joli ceci dit : de gros rochers, des lupins sauvages violets et des collines rocheuses et au fond on commence à voir apparaître les montagnes qu’on découvrira dans la suite de l’aventure. Mais bon la chaleur est étouffante.
Au bout de 11.5 miles je rejoins tout le monde au croisement du trail avec une route paumée. C’est ici que doit se trouver une cache d’eau et effectivement comme prévu elle est là. Bon par contre les bonbonnes d’eau bien qu’en nombre sont presque toutes vides. Je peux faire un petit ravitaillement mais c’est pas l’abondance. Tout le monde est extrêmement fatigué, pourtant on a fait que 11 miles ! La chaleur nous assomme vraiment. On décide de faire une pause pour laisser descendre la température (il n’est que 10h du matin…). Problème il n’y a pas d’ombre du tout le soleil est déjà haut… on sort du trail d’une 50 aine de mètres et on établit notre camp de réfugiés sous les célèbres arbres/cactus appelés Joshua’s tree. Mais bon c’est pas hyper touffu comme arbre (en même temps c’est un cactus…) donc y a pas vraiment d’ombre. Ni une ni deux on sort des couvertures survie, des cordelettes (qu’on utilise habituellement pour suspendre notre nourriture -pour éviter les rongeurs et les ours- ou renforcer nos tentes -en cas de vent violent- mais on fait attention de pas abimer les arbres car c’est en fai tune espèce protégée donc on est vraiment pas sensés les toucher…) et on se fabrique des parasols de fortune pour avoir un peu d’ombre. Du coup nous voilà entassés à 7 sous un espace de 3m carré… assez vite on est rejoints pas 4 gars. Il s’agit en fait d’un groupe de militaires pour la plupart jeunes retraités (de toutes branches -Navy, Army, Marines, Air force-) qui font le PCT au travers d’un programme pour les vétérans (pour les aider à gérer leur traumatisme dû à la guerre notamment). Chelsey (anglaise et ancienne championne de BMX) nous rejoins aussi… on se sert tous ! Il sera dit que personne ne restera en rade aujourd’hui ! Et là l’attente débute… il fait de plus en plus chaud c’est limite supportable…
Une allemande qui était allée chercher de l’eau revient un peu perplexe… les semelles de ses sandalles ont fondus sous la chaleur… ambiance…
Au bout d’une heure (ou moins c’est dur de dire tellement le temps passe lentement) une voiture arrive !! Improbable ici ! Et un homme sort et nous demande si on veut des boissons fraîches ! Un trail angel venu déposer une glacière de soda et bière et des pommes !!! Le top ! Ça remonte bien le moral !! On discute un peu avec lui mais on ne reste pas trop longtemps exposés au soleil. Il repart et embarque Josh qui a mal genou depuis quelques jours, Anne lise elle c’est la cheville et elle souffre de la chaleur, Chelsey une douleur à l’épaule due à une ancienne blessure et Spider (pas de blessure mais souffre de la chaleur). Ils culpabilisent tous de nous laisser là et promettent d’essayer de nous trouver un plan pour nous sortir de là.
On les regarde partir et on retourne s’asseoir un peu déprimés… certains jouent à lancer des pierres dans une canette vide, d’autres discutent, on déjeune… ça fait passer le temps… il est pas encore midi et il fait plus de 40 degrés à l’ombre -mesure effectuée avec un thermomètre… pas « estimée »- (60 au soleil), un vent brûlant (genre sèche cheveux géant commence à souffler, bref le top pour se sécher les cheveux.. mais ça c’est quand tu as une douche et du shampoing pas quand tu es au milieu d’un fichu désert). Le temps s’allonge… et on cogitent tous pas mal, je me demande bien pourquoi je suis là et pourquoi je m’impose ça. Honnêtement je sais pas trop… je savais que ça allait être dur pas de souci, mais en même temps pourquoi je ne garderai pas ça fun aussi.. pourquoi supporter ce genre de moment ? Pour le défi de marcher chaque miles ? Je n’ai rien à prouver encore moins à moi même. Autant de miles sans eau… oui car même si elles existent on ne peut pas se fier aux caches d’eau c’est une des règles d’or du PCT… et si cette première cache est presque vide pourquoi la deuxième ne le serai pas totalement.. nous laissant sans eau dans le désert. Bref là j’arrive au bout du désert !
On attend toujours, un des militaire se dévoue pour aller vois si il n’y a pas plus d’ombre et un endroit plus grand (parce que là on est assis avec les genoux repliés c’est pas hyper confort). Il revient un peu après bredouille, il a vu juste un espace guère plus grand après déjà pris par une tente et au loin c’est le même paysage. Bref ici c’est bien ! 😉 on aperçoit le mont Whitney au loin (enfin on croit que c’est lui…).
Au bout de 4 heures on abandonne l’idée de se faire emmener en voiture (oui parce que après 5 heures dans le désert on a plus envie de marcher du tout et on commence à détester ce trail de malheur). On commence quand même à établir un plan pour ce soir et demain… il faut qu’on atteigne Walker Pass dans 30 miles pour attraper un bus qui ne passe que certains jours de la semaine pour aller à RidgeCrest. Donc on prévoit de partir (si la température a baissé assez) vers 17h et faire 15 miles, camper, se lever très tôt et faire 20 miles (15 miles si possible le matin avant 11h, attendre que la température baisse et faire les 5 miles restant pour attraper le bus de 17h). Bon je vous cache pas qu’on est pas emballé du tout. Mais bon on va pas restés là non plus 😉
Vers 16h j’en ai vraiment marre et je me prépare à partir, Emily me dit que c’est pas hyper malin parce qu’il fait encore trop chaud et en rigolant « imagine une voiture arrive et tu serais la seule à pas en profiter ». Ca me fait marrer et je me rassois.
À 16h30 on entend une voiture (sans rire !!!) qui est en fait un mini bus et devinez quoi ?? C’est spider, anne lise, chelsey et josh qui sont dedans !!! Une fois en ville (1h30 de route) ils sont allés louer le minibus et on refait le trajet dans l’autre sens pour nous récupérer !!! Et ils apportent des cheeseburgers ! J’avoue que j’ai du mal à y croire ! Vous imaginez pas la joie de les voir et de comprendre ce qu’ils ont fait pour nous ! Autant vous dire que là il n’est plus question de randonner !! On repli tout ! On distribue les burgers à ceux qui décident de rester (mes respects à eux !) on verse l’eau qu’il nous reste dans les bouteilles vide de la cache d’eau pour les suivants. La majorité de nos compagnons de galère accepte l’invitation de Spider de monter dans le bus (en plus de Emily, Eike, Urs et moi on a 3 militaires et 4 autres randonneurs arrivés dans l’après-midi). Et nous voilà en route avec nos héros pour RidgeCrest à 1h30 de là ! Unbelievable!
Alors je sais ce que certains vont dire : ça va c’était pas si affreux faut pas pousser et en plus c’est tricher ! Je saute effectivement une portion car je ne reprendrais pas le trail où je l’ai quitté… mais vous savez quoi je fais ce qui est bon pour moi… ici la devise c’est « Hike your own hike » (randonne comme tu le souhaites) et c’est bien ça dont il s’agit : connaître ses limites (car pour moi le désert et la chaleur et le manque d’eau c’est difficile à un point que je trouve cela dangereux). En plus je pense que tant qu’on et honnête avec ça on a le droit de faire ce qu’on veut. Sans doute que j’aurais pu y arriver en randonnant de nuit et en poussant un peu mon physique et mon mental mais pourquoi faire cela ?? Quel intérêt de randonner de nuit et ne pas voir les paysages ?
Dans le film « le coeur des hommes » il y a une réplique qui dit « qu’est-ce que je ferai si j’étais moins con ? ». Et bien moi je quitterai cette section désertique brûlante sans eau.
Sans doute que plein d’autres l’ont fait et sont en train de le faire mais moi je n’en ai pas envie… D’ailleurs petite anecdote : une des randonneuse qui est restée sur place avait, elle, sautée une section de 40 miles il y a quelques semaines à cause de la pluie (section que j’avais marché sous la pluie moi même) ce qui résume bien le propos : chacun a ses propres limites et démon 😉
Moi en tout cas ce que je retiens de cela c’est les copains qui se sont frappés 4h30 de route pour venir nous chercher parce qu’ils voulaient pas nous laisser dans la panade. Je ne sais pas vous mais je connais pas tant de personnes que ça qui seraient prêtes à faire cela sans qu’on leur ai demandé et qui ne vous connaissent que depuis 1 mois… la solidarité sur ce trail ne cesse de m’émerveiller. Je retiens aussi les discussions tellement enrichissante que j’ai eu avec les vétérans d’Irak et Afghanistan sur les traumas de la guerre et comment ils essayaient d’aller mieux en marchant le PCT. Bref autant vous dire que je ne retiendrai pas ce que les puristes des miles du PCT peuvent penser de moi 😉
Et sinon les dits militaires qui ont passé des mois et des mois en Irak et Afghanistan ont aussi estimé qu’ils fallait quitter le trail… je dis ça je dis rien. Ahah
Peace 😉 je vais prendre une douche fraîche et manger un bon repas.
[miles 615.9]
24/05
Journée off à Ridgecrest car tout le monde est fatigué.. les séquelles du désert et de plus de 5 semaines de marche se font sentir…
25/05
On y retourne !
Aujourd’hui c’est la reprise ! On décide de reprendre en fin d’après-midi pour laisser la chaleur baisser. On attendra donc une bonne partie de l’après-midi dans un parc à l’ombre d’un arbre.
À 17h une trail angel nous emmène Emily, Eike, Urs et moi (les quatre autres font du stop) au départ du trail à Walker Pass. Son nom c’est Typhany… et comment vous dire elle est adorable mais c’est un peu madame catastrophe… dans le sens où durant la demi heure de route elle va ne nous parler que de tous les malheurs qui pourraient nous arriver… donc elle attaque par la Sierra (chaîne de montagnes qu’on doit traverser d’ici quelques jours et très enneigée cette année) en nous disant qu’on va avoir très froid, des ampoules comme jamais avec les pieds mouillés, que c’est très dangereux car on risque de tomber dans une crevasse… D’ailleurs elle nous demande si on a entendu parler de cette fille qui est morte durant l’ascension du mont Whitney ce week-end (oui on sait tout le monde ici sait… c’est tragique mais c’est la montagne c’est dangereux, ça arrive). Elle nous montre des photos comparatives sur son téléphone entre l’année dernière et cette année pour nous prouver qu’on pourrait ne pas voir certaines crevasses… bref ambiance dans la voiture… Eike est toute pâle, Emily pas fière du tout… ensuite notre gentille conductrice enchaîne sur les serpents… et passe en revue toutes les espèces mortelles qu’on pourrait rencontrer anecdotes à l’appuie. (Même qu’un enfant est mort l’année dernière…). Bref en gros Typhany c’est la fille qui t’emmène à l’aéroport et qui te parle de tous les crash d’avion qui ont eu lieu ces dernières années… J’avoue que vers la fin il était temps que ça s’arrête car je partais en fou rire… on en rigole encore tous ensemble 😀
On attaque le trail à 18h, et un de mes bâtons se casse (je ne peux plus le bloquer à la longueur que je souhaite) mais je trouve une astuce en augmentant un autre niveau… bref il peut resservir. Au début ça monte mais rien de grave je me sens plutôt bien, il fait frais et on est à l’ombre, tellement que je ferai 3,5 miles en 1h.
Je rejoins les autres qui font une pause pour regarder le coucher de soleil. C’est plutôt grandiose avec un paysage moitié désert moitié montagne !
On reprend tout de suite car forcément la luminosité baisse rapidement. Les autres sont devant et je marche tranquillement mais je ne cous pas grand chose… je veux faire la maline et me dis que j’attends jusqu’au prochain changement de crête pour sortir ma lampe frontale, là dessus je trébuche et manque de passer dans le ravin… ok je sors donc la frontale ^^
Je vois la lumière des autres au loin pensant un moment et puis je me fais devancer et très vite il fait nuit noire et je suis seule sur cette fichue crête. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul le vent se lève et devient plutôt violent.
Le trail n’est pas large et est très accidenté plein de cailloux, et s’effondre par endroit.. je réalise très vite que ce n’est peut-être pas le meilleur type de terrain pour ma première randonnée de nuit…
Bon et en plus de ça autant vous avouer que je ne suis pas hyper rassurée dans le noir… bon ok je suis carrément parano en fait… chaque ombre ou bruit me fait sursauter et ajoutez à ça que le lieu est décrit comme « très fréquenté par les ours » vous avez là le parfait cocktail pour me faire complètement flipper… Autant dire que je fais là encore un gros bond en dehors de ma zone de confort (comme si le PCT en lui-même ne m’en avais pas assez éloigné…).
J’aperçois des dizaine de toutes petites lumières comme un scintillement et c’est très joli ! Je m’approche et il s’agit en fait des yeux de dizaines d’araignées disséminés partout au bord du trail… ok tout de suite c’est moins joli… autres lumières/ yeux… plus gros cette fois.. il s’agit d’un gros rongeur que je n’arriverai pas à identifier (un tête de souris mais gros comme un lapin avec une queue de gerbille).
Je progresse très lentement car entre les cailloux et les irrégularités du trail, c’est difficile d’évoluer en pleine nuit même avec la frontale. C’est très fatigant en fait et j’avoue que je suis assez vite à bout de nerf à force de me prendre les pieds et de trébucher dans tout ce qui traîne. Sans compter que ça fatigue pas mal les articulations… bref au bout de 8-10 miles j’en peux plus ! Mais c’est pas pour autant que je m’arrête… pas par esprit de conquête loin de là mais parce que je ne suis pas du tout rassurée toute seule dans le noir !
Je réalise que la randonnée de nuit n’est probablement par pour moj car sincèrement j’ai du mal à voir l’intérêt ! Certes on évite les grandes chaleurs du désert mais on ne voit aucun paysage, on ne sait même pas vraiment où on est, c’est dangereux car risque de trébucher ou se blesser… Bref pour moi c’est faire des miles pour les miles et c’est pas vraiment ce que je recherche. Franchement si c’est la clef pour avoir le temps de finir et d’arriver au canada je préfère autant ne pas aller jusqu’au bout mais profiter des distances que je parcoure !
Les deux derniers miles sont très long, j’ai froid, je suis fatiguée il est plus de 22h, j’en ai marre. Vers 22h40 j’arrive enfin à la bifurcation pour le camp et ça descend… beaucoup, je manque de tomber pour la énième fois… mais je fini par rejoindre les autres qui sont déjà tous couchés dans leur tente. Je suis vraiment contente d’arriver et de les voir !!!
Emily est super rassurée de me voir aussi car tous s’inquiétaient de me savoir toute seule (dans le sens où vue le terrain si j’étais tombée ou je m’étais blessée ça aurait pas été le top). J’apprendrai le lendemain matin qu’ils n’avaient en fait que 20 minute d’avance sur moi… j’étais pas si loin ^^
Comme eux je monte ma tente en un temps record, saute le dîner et m’effondre… je suis épuisée ! Il est 23h…
[663.8]
26/05
Réveil difficile… J’avais bien mis mon alarme à 5h mais autant vous dire qu’après la nocturne d’hier soir c’est juste pas possible de me lever. Au final je partirai à 7h20 avec une seul ambition : me recoucher ce soir.
Aujourd’hui pas grand chose à dire à part que le désert disparaît pour laisser place à des crêtes plus montagneuses, la végétation change et les animaux aussi. J’aperçois un lapin (lièvre ?) géant qui court dans la colline. Ça monte, ça descend mais aucune difficulté majeure. Je fais pas mal de pause car je suis quand même pas au top de ma forme. Mais honnêtement je pensais que la montée vers la Sierra serait plus dur.
Il fait frais voir même froid par moment… quel changement par rapport à y a 2 jours !
Je rejoins Emily, Eike et Urs pour déjeuner au sommet d’une montée dans la forêt, la vue est superbe… petite pause sieste ça repart en descente.
Dans l’après-midi on est rejoint par les autres (Spider, Josh, Chelsey et Anne Lise) qui était un peu plus loin car ils ont commencé plus tard hier le temps de trouver quelqu’un pour les emmener.
Après seulement 17 miles j’ai du mal à avancer je suis fatiguée. On s’arrête pour prendre de l’eau et on décide de s’arrêter pour la nuit au camp juste à côté (les autres ont fait 25 miles et nous seulement 17 mais ont est crevés !).
Et là bonne surprise ça va être une avalanche de trail magic ! Ça commence par un van aménagé ou un gars nous installe dans des chaises de camping et nous offre des sodas frais et cuisine des hot dog et du curry. Je prends un coca mais fais l’impasse sur la nourriture, il est 17h30 et je n’ai pas encore très faim. Il nous dit d’aller au camp car il y a d’autres surprises… ça tombe bien c’est bien là qu’on avait prévu d’aller 😉
Là bas Greg et Gary nous accueille autour de leur tente (nous et une dizaine d’autres hikers) et nous offre des boissons fraîches (soda, bière, vin). Ce sont de vieux amis et ils se connaissent depuis plus de 40 ans et viennent ici tous les ans pour le week-end du Memorial day pour passer ces 3 jours ensemble (le lundi est férié) divertir les PCTistes. Ensuite ils sortiront le grill et nous cuisineront des burgers, de la salade… c’est nourriture à volonté, hallucinant !
On discute de tout et de rien mais surtout de randonnées et du PCT forcément.
On finira la soirée à chanter et jouer de la guitare autour du feu.. soirée juste parfaite et le meilleur trail magic toute catégorie !
Bon mais moi comme je suis super fatiguée je tiendrai pas plus longtemps que 21h30 avant d’aller me coucher. 🙂
[miles 681.1]
27/05
Fin de la première section !
Ce matin réveil à 5h… bon ok 5h20 parce que je me suis peut-être un peu rendormie… je plie tout et en passant je vois nos deux trails angel hôtes du dîner d’hier soir. Je vais les saluer et encore les remercier. Ils me proposent un café chaud fraîchement pressé… et on est d’accord ça ne se refuse pas ! On parle de randonnée, d’escalade, de la France… bref je fini par partir à 6h30… pour l’efficacité on repassera ! 😀
J’ai toujours pas trop d’énergie aujourd’hui, du coup j’avance comme au ralenti, pas trop grave j’ai tout mon temps pour faire les 21 miles qui me séparent de Kennedy Meadows (KM) et de 3 jours de repos !
Et franchement aujourd’hui à part une petit montée sans aucune difficulté de 5miles au début pour le reste c’est de la descente ou du plat.
Une fois au sommet c’est la chaîne de montagne de la Sierra qui se dévoile au loin et c’est juste à couper le souffle ! Enfin les voilà ces fameuses montagnes dont tout le monde parle, craint ou attend avec impatience !
Le reste se fera en descente mais très exposé au soleil. On s’arrête après 15 miles pour déjeuner au bord d’une source d’eau et à l’abri de la rare zone ombrée depuis un moment. Il est encore tôt sauf encombre on pourra être au magasin de KM avant 17h et sa fermeture.
Bon sauf que malgré le fait que le trail aujourd’hui soit honnêtement l’un des plus facile qu’on ai eu depuis longtemps, franchement c’est plutôt plat, le terrain est en terre… et bien tout le monde a du mal… surtout moi. Allez savoir… est-ce le fait de savoir qu’on arrive au franchissement d’une grande étape… fin de la Californie du Sud et de la première des 5 sections du PCT ? Ou tout simplement est-on juste fatigués d’avoir parcouru 700 miles en 6 semaines. Quoi qu’il en soit les derniers miles sont interminables (comme d’habitude en fait ! ^^).
J’arrive au magasin à 16h45 (impec!) en même temps qu’Anne Lise. Bon là normalement ceux qui sont déjà là par tradition sont sensés applaudir ceux qui arrivent (nous) pour les féliciter d’être arriver jusque là. Mais bon allez savoir pourquoi AL et moi on est passées inaperçue donc on a pas eu le droit à notre ovation… mais on est pas rancunière hein on applaudira quand même les suivants hein ^^
KM c’est une toute petite communauté qui vit surtout de la randonnée, pêche, chasse, escalade et motocross. Le point central c’est le General Store (le magasin) qui fourni aussi aux randonneurs un camp gratuit pour planter leurs tentes. On y trouve tout ce dont on a besoin (boisson, ravitaillement, snack, restau grill, matériel, douches, lessivé) et ça permet à tout le monde de se poser quelques jours pour se reposer et préparer son matos pour la prochaine section de haute montagne. Ici on peut aussi récupérer les colis avec le matériel spécifique à la rando neige/montagne qu’on s’est envoyé ou qu’on a commandé et qu’on ne voulait pas trimbaler dans le désert. Pour ma part je récupère 3 colis :
– un avec mes guêtres étanches et longues, mon piolet, mes micro spikes (petits crampons)
– Un avec du ravitaillement de nourriture
– Un avec des rondelles pour mes bâtons et des gants étanches et plus chaud
Mais clairement je suis une petite joueuse avec mes 3 paquets… certains reçoivent ici 5 paquets en moyenne, un gars en récupérera même 13 ! Bon pour la plupart c’est ici que la famille envoie des colis de douceurs ou des petits mots, surtout les américains pour qui c’est plus simple. Mais du coup beaucoup se retrouvent du coup avec trop de nourriture donc ça échange dans tous les sens, les hikers box se remplissent et se vident c’est rigolo à voir 😉
La sierra c’est aussi la section ou on doit sous peine d’amende avoir avec nous une « boite à ours » (bear canister). C’est une boite d’une 50 aine de centimètres de haut et d’une trentaine de cm de diamètre qui pèse 1 kg environ. On peut y ranger un ours seulement…. ok c’est pas drôle ^^ évidemment ça sert à stocker sa nourriture pour ne pas que les ours puissent l’attendre, la dite boite étant impossible à ouvrir pour eux (système de cran qu’il faut pousser et tourner) bon et aussi j’avoue difficile à ouvrir pour moi aussi ^^
Pour ma part je bénéficie d’un programme de prêt pour les randonneurs étrangers. Je vais donc récupérer ma boîte au restaurant du coin (le seul) Grumpy bear. Ce programme est vraiment super, il me suffit de renvoyer la boite une fois la section terminée et je n’aurai rien à dépenser (sachant que ça coûte dans les 70$ et que je ne saurais pas bien quoi en faire après). On en profite pour fêter la fin de la première section tous ensemble autour d’un bon burger… les vacances commencent (on a prévu de rester 3 jours) !
[miles 702.2]
28… 29…/05
C’est les vacances… tout ce que je sais c’est qu’il y avait du repos, de la bière, des lasagnes et du vin impliqués…
Quand même pour la petite anecdote il y a juste à côté du magasin où on campe la maison de Tom. Tom c’est un gars super qui aime accueillir les randonneurs. Et le plus géniale c’est qu’il a installé un véritable cinéma d’extérieur, une installation à faire pâlir les petites salles de cinéma ! Du coup le soir c’était séance de cinéma au milieu des bois et des montagnes sous les étoiles… qui dit mieux ?
Ah et aussi alors qu’on faisait du stop pour se rendre au restaurant une petite voiture s’arrête pour nous emmener. Et surprise au volant c’est… Yogi ! Pour ceux qui ne la connaissent pas (normal le public cible est assez restreint) elle est extrêmement connu sur le Pct pour avoir notamment fait le trail de nombreuses fois mais aussi pour être l’auteur d’un des guides bibles les plus acheté, bref LA célébrité du PCT ^^. Nous on est juste content de pouvoir s’entasser à 7 dans sa berline 5 places pour manger un burger mais bon c’était une rencontre rigolote.
Sinon moins drôle on apprend que Graeme ne continuera pas l’aventure avec nous. Il était resté se reposer à Tehachapi et nous annonce par message qu’il a décidé de rentrer en Angleterre. Apparemment il envisage de revenir pour terminer le trail dans un futur proche… le revoir nous parait incertain mais qui sait ? Ce trail est plein de surprise après tout 😉 bonne route Graeme ! Chelsey quand à elle s’offre de petites vacances à Las Vegas pour son anniversaire, elle revient dans quelques jours.
En parlant de cela il y a eu pas mal d’abandons ces deux dernières semaines… c’est bizarre et triste de voir les gens partir, surtout certains qui semblaient très à l’aise et décident quasi du jour au lendemain d’arrêter. Il y a aussi tous ceux qui décident de ne pas faire la Sierra encore très enneigée. Certains ne font que décaler, partent faire les sections suivantes et reviendront faire la Sierra plus tard avec moins de neige et un terrain moins technique, d’autre préfère éviter tout simplement la section. Quoi qu’il en soit vu la topographie du lieu et les conditions exceptionnelles de cette année record en neige chacun doit s’écouter et il est toujours mieux de connaître ses limites et éviter de se mettre dans une situation inconfortable voire dangereuse. Encore une fois chacun sa randonnée et je peux vous assurer que personne ici sur le trail ne vous jugera pour vos choix tant que ça ne dérange/importune/ ne met pas en danger les autres. Moi même je ne suis pas encore sûre d’avoir le physique pour cette section avec d’énormes dénivelés dans la neige profonde. La première étape des jours à venir sera un véritable test car autant je ne doute pas de ma capacité à évoluer dans la neige (j’y suis habituée) autant enchaîner de grosses montées en peu de distance en s’enfonçant peut être épuisant et comme j’ai déjà parfois des difficultés sur un terrain sec, je préfère rester humble car je ne sais absolument pas si j’y arriverai. Mais ça je vais très vite le savoir car demain on reprend la route… Sierra me voilà !!!! 😉
Stephanie Bizouerne
Bravo Lucie! C’est impressionnant ce que tu fais! De gros bisous!
Arielle
Je suis devant Rolland Garros. Apres avoir perdu, une joueuse a craqué pendant la conférence de presse et a dû sortir. Le commentateur : « c’est difficile les émotions dans le tennis feminin ».
Moi je reste sans voix . (Enfin non c’est pas vrai, j’ai dit un gros gros mot devant mes filles mais l’aînée a compris pourquoi).
Bref, je suis en totale admiration sur ton parcours, bravo et girl power.
Bisous
Carine Depernet
D’accord avec Arielle ! Go Girl !!! RESPECT !! du fond de mon coeur, d’énormes bises pour tout ce que tu as déjà fait, et toute mon admiration pour ce que tu t’apprêtes à faire encore. C’est énorme déjà !!! j’ai entendu ce que tu as dit, je me suis inscrite à la newsletter 🙂 bisous
Carine Depernet
Et il faisait drôlement peur le serpent !!!
LIEGEOIS
Je viens de lire la suite de ton parcours impressionnant et ton courage pour marcher seule dans la nuit. Mais évites de le faire souvent tu as raison. Ce n’est pas le but. Contente que l’ambiance avec tes amis soit très conviviale mais cela je n’en doutais pas. Il nous reste 4 mois à t’attendre mais avec les nouvelles régulières que tu nous donnes cela passe vite, pour nous qui ne manquons pas d’eau ni d’un bon confort
On t’embrasse
Raymond et Michèle