10/09
Sierra I missed you
Bon allez aujourd’hui c’est la bonne, on reprend le trail ! Oui parce que entre les quelques jours passés à Vancouver puis le voyages de retour (et aussi un peu la flemme) il est temps de repartir de Bishop direction Kearsage Pass où nous avions laissé derrière nous les montagnes de la Sierra début juin pour reprendre le trail en Californie du Nord à cause de conditions hivernales que nous jugions trop dangereuses. Pour cela on a une bonne 40 aine de miles à parcourir en stop, pas facile mais en deux heures et deux voitures différentes nous revoilà à Onion Valley le point de départ du col Kearsage, un side trail de 8 miles qui nous ramènera sur le PCT.
Il est 13h, on se met en route bien conscient que ça va être un peu compliqué comme on a pas marché depuis une dizaine de jours et qu’on est sacrément monté en altitude. Le parking est à une bonne altitude est déjà on sent la différence dès qu’on se met à marcher (souffle un peu plus court, tête qui tourne un peu) mais heureusement au bout de quelques minutes ça passe et c’est juste normalement douloureux de randonner 😉 bon et puis il est haut ce col… 3487m donc vous faites le calcul… un petit dénivelé histoire de se remettre en forme direct ! On enchaîne les switchbacks et ça pique ><
Bon et en plus les sacs sont lourds comme jamais car c’est le grand retour de la boite à ours obligatoire pour cette section, 1 petit kilo de plus ça fait plaisir, ajoutez à ça 5 jours de nourriture. D’ailleurs je réalise que je mange bien plus qu’au debut du trail, en effet la dernière fois dans la Sierra ma Bear canister était loin d’être remplie et là c’est tout juste si je la ferme (bon j’arrive toujours à y ranger mon réchaud et c’est tant mieux parce que je saurai pas bien ou le mettre vu que la boite prend 80% de l’espace dans mon sac !). Et mes genoux sentent bien la différence de poids aussi, ça tire bien et ça fait un peu mal. Rien de grave, je m’aide de mes bâtons et fait des étirements à chaque pause et ça diminue progressivement… l’expérience les amis l’expérience 😉
Sinon la grande révolution aujourd’hui c’est la différence de paysage… juste hallucinant ! Tellement que j’ai du mal à croire que je parcours le même sentier qu’il y a 3 mois !! Il n’y a plus de neige mais surtout on voit et peut suivre le trail ! Quelle différence ça fait. Je ne reconnais quasiment rien tellement l’enneigement était fort. Je remarque tout de même une rivière qui était bien 5 fois plus grosse et puissante la dernière fois ! C’est rassurant 😉 Et même si c’est différent c’est vraiment tout aussi magnifique comme cela (version été ^^). Je me sens vraiment chanceuse de pouvoir évoluer dans ses deux versions de la Sierra !
Et ce qui me marque le plus c’est le nombre de lacs… il y en partout !!! Dans ce coin je n’en avais vu qu’un minuscule genre une dizaine de mètres et là il est gigantesque ! On comprend aussi qu’on a marché sur au moins deux lacs sans le savoir tellement ils étaient gelés et recouvert de neige 😀
Je suis aussi frappée par les pentes qu’on avait du descendre, sans la neige c’est vraiment impressionnant… pas étonnant qu’on en ait bavé ce jour là ! J’arrive à peu près à repérer où on est passé grâce à de grands arbres et vraiment on était bien loin du trail ! On est aussi visiblement pas passé loin d’un fossé invisible à l’époque… oups. Bon c’est pas pour rien qu’on avait quitté la zone en même temps, je continue à penser que c’était la bonne décision 🙂
Côté trail le col c’est 4.5 miles de montée et 3.5 de descente, on mettra 4h pour les parcourir… petite moyenne mais qu’importe on est de retour sur le trail et dans la Sierra et je suis vraiment heureuse de pouvoir randonner encore deux semaines ici ! Après il faudra rentrer en France 😉
On campera juste à la jonction du trail de Kearsage et du PCT non loin du lac Bullfrog. On sent bien l’altitude et l’été qui s’en va car il fait bien froid !! Et ajoutez le vent glacial tout cela promet une nuit un peu fraîche. On a choisi de camper pas trop haut car plusieurs randonneurs nous ont recommandé d’éviter les cols car ces derniers jours il y a eu beaucoup d’orages en altitude.. en bas du col c’est bien donc ^^. Et apparemment une alerte météo neige serait tombée quelques heures après notre départ (on avait du signal téléphonique au sommet du col) annonçant peut être des épisodes neigeux en altitude aux alentours du mont Whitney (à une vingtaine de miles PCT d’ici)… on verra bien 😉
[miles pct 788.5]
11/09
Haute montagne
Cette fois ça y est, le pct nous attend, oui car hier techniquement on était sur un side trail donc pas le pct. On attaque direct en montée pour l’ascension du col du jour : Glen pass. Enfin on démarre à la moitié car on avait déjà fait le reste en juin dernier… c’est toujours ça de gagné 😉
Pas de surprise c’est bien raide mais le plus dur finalement c’est que le sentier est constitué de très hautes marches en pierre que j’ai bien du mal à escalader… je pense que je préférerais sans, même si c’est joli et que le trail est bien entretenu ! Bon et puis voir le trail et ne pas avoir à regarder son gps toutes les 5 minutes pour chercher sa route c’est bien agréable !
La montée est courte, environ 3 miles, ça me paraît interminable. Il faut dire que j’ai encore un peu le souffle court, le cardio travaille bien ^^ Bon et va savoir pourquoi je vois que le trail disparaît un peu plus haut et je me mets dans la tête que c’est la fin du col. Je devrais me méfier depuis le temps ! Car évidemment quand j’arrive « en haut » j’aperçois une montagne en face et je vois spider qui a l’air tout petit en train de monter… bref j’en ai pour une bonne demi heure bien raide >< Mais arrivée en haut pour de vrai je ne serais pas déçue car côté paysage c’est assez majestueux avec la chaîne de montagne et plein de lacs ainsi que des champs verts et fleuris. Encore une fois je mesure la différence avec juin dernier !
On fait une pause au sommet mais très vite le vent glacial se lève et on décide de s’attaquer à la descente de l’autre côté. On y croise un nombre hallucinant de « JMT » des randonneurs qui font le John Muir trail (qui va de Yosemite au Mont Whitney en suivant quasiment le même tracé que le PCT). Eux vont au sud et nous au nord.
On croisera également un membre de l’équipe de secours qui est à la recherche d’un couple de soixantenaires dont la famille s’inquiète de ne pas avoir de nouvelles. Bon la description me dit rien du tout mais je suis pas la meilleure physionomiste qui soit. On discute un peu avec lui et ça arrive très souvent ce genre de recherche surtout ici ou il n’y a pas de réseau téléphonique, la ou les personnes sont en retard d’une journée et la famille s’inquiète. J’espère que c’est juste ça. On lui demande aussi s’il a des infos météo car le ciel est un peu menaçant. Il nous conseille de ne pas tenter le deuxième col « pinchot pass » car il pourrait y avoir de l’orage et nous indique un camp à mi montée.
Vers 12h30 il commence effectivement à pleuvoir un peu, rien de violant mais assez pour me faire sortir la veste de pluie et mon tyvek que j’utilise comme protection étanche sur mon sac. Après quelques heures ça devient plutôt sérieux avec une pluie plus intense et surtout des éclairs et du tonnerre. Je m’attarde pas trop dans les clairières…. Je rejoins les autre près d’une rivière et d’un pont suspendu et on décide de monter les tentes et en profiter pour déjeuner. Ça tonne bien et les éclairs sont toujours bien visibles pendant une heure puis le vent se lève et repoussera le tout au loin pour laisser place au soleil ! Du coup on repli les tentes pour faire les 3 miles qui nous séparent du camp.
Pour ce faire il faut traverser le pont suspendu. Ce dernier est assez impressionnant et long, ça a l’air bien sympa ! Bon en revanche il a été endommagé cet hiver à cause de la neige abondante, il a été rafistolé mais est un peu bringuebalant. Du coup ça remue pas mal lors de la traversée, mieux vaut s’accrocher aux câbles de chaque côté 😉
En route je passe à côté de Wood Creek Waterslide, il s’agit en fait de la rivière (celle qu’on vient de traverser via le pont) qui coule sur un lit de granite. Du coup on dirait un peu un toboggan de parc aquatique. C’est vraiment cool, ça donne envie de glisser ! Bon sauf que c’est bien rapide quand même et qu’au bout c’est encore plus de rochers 😉
La pluie va reprendre tout le reste de l’après-midi, me faisant mettre et enlever ma veste de pluie plusieurs fois (il fait trop chaud pour la garder quand il ne pleut pas). Ajoutez à ça que ça monte à nouveau puisqu’on attaque donc la première partie de l’ascension de Pinchot Pass. C’est le grand retour des marches de géants ^^ aïeuh.
Fin d’après-midi il est temps pour moi d’arriver au camp car le ciel s’assombrit drôlement. On monte les tentes et on aura finalement deux heures de répit où la pluie est à peine perceptible. J’en profite pour faire un brin de toilette dans la rivière qui coule à une centaine de mètres de là. L’eau est pas aussi froide que je le craignais, tant mieux. Puis c’est dîner que j’aurais juste le temps de terminer avant que les choses sérieuses ne commencent vraiment. En effet on a le droit à un bel orage montagnard avec pluie, éclairs et tonnerre qui résonne grâce aux montagnes autour. Chacun se réfugie dans sa tente ! L’orage semble se rapprocher un peu… je prends quand même le temps de creuser une petite tranchée autour de ma tente histoire de limiter les dégâts en cas de pluie encore plus abondante. Ça va encore être une nuit épique 😉 en espérant que demain ça se calme car pour bien faire il nous fait franchir deux col et nous avancer au maximum du prochain.
[miles pct 802.6]
12/09
C’est un peu noir non ?
J’ai bien dormi ! De 20h30 à 4h ! Oui parce en général c’est plutôt 5-6h de sommeil alors forcément ce matin c’est la grande forme ! Bon et c’est tant mieux car c’est pas moins de deux cols à franchir au programme.
On attaque donc le premier en reprenant l’ascension qu’on avait laissé de côté hier soir à cause de l’orage. Et on a bien fait de s’arrêter car ça a duré une bonne partie de la nuit entre éclairs, tonnerre et pluie (enfin il paraît moi je dormais donc j’ai vu/entendu que la première partie). Ce matin il fait un peu frais mais le ciel est bien dégagé. Mais bon c’est la montagne ça peut changer vite.
Le col donc c’est Pinchot pass, 3690m d’altitude, ça nous fait une ascension de 700m en 3 miles. Bon bah ça grimpe quoi ^^ au final c’est pas si dur que ça, je prends juste mon temps. Bonne nouvelle en revanche j’avance bien mieux qu’hier… on salue le retour de mon souffle… salut le souffle 🙂 bon et aussi de la tendinite mais bon rien de grave c’est pas trop douloureux (merci ibuprofène… plus que quelques jours ^^). La vue d’en haut est forcément bien sympa, mais bon difficile de trouver dans la Sierra un endroit que je n’aimerais pas photographier.
On profite aussi du sommet et du petit vent pour sécher nos tentes, ça fait un peu étalage de marché 😉 Je sécurise bien le tout avec de grosse pierre histoire de pas voir s’envoler mes affaires… quoi que ça ferait moins à porter… mais rendrait les nuits un peu fraîches et exposées.
Viens le moment de passer de l’autre côté et là pas de difficulté… ça descend. Je croise plein d’équipes de maintien du trail en train de travailler. Comme d’habitude je prends le temps de les féliciter et les remercier. Dans la descente on croise le chemin de plusieurs rivières. La plupart sont de petits ruisseaux qu’on traverse en marchant de rochers en rochers. Deux autres en revanche sont plus importantes. La première et pas trop large ou profonde, il y a bien des rochers mais trop éloignés les uns des autres pour moi pour que je m’en serve et aussi un tronc d’arbre qui m’inspire pas trop. Je réfléchis pas trop j’enlève mes chaussures, relève mon pantalon et traverse. En 15 secondes c’est plié et en deux minutes je suis prête à repartir. Spider lui a utilisé les rochers (il est plus grand) et Anne Lise le tronc d’arbre. Trois randonneurs trois manières de traverser 😉
La deuxième rivière c’est plus compliqué car elle est plus large et plus profonde. Enfin moi pas de problème je fais la même et en moins d’une minute je suis de l’autre côté, j’ai finalement eu de l’eau au dessus du genou mais courant pas trop fort. En fait j’adore traverser les rivières quand c’est pas des torrents en furie (avec mon frère c’était un de nos grand jeu de jouer dans la rivière en été). Pour les autres c’est plus long car ils cherchent à tout prix à éviter de mettre les pieds dans l’eau. Au final Anne Lise capitulera et finira par traverser comme moi. Spider lui têtu trouveras un tronc d’arbre un peu branlant, il manquera de tomber mais finira lui aussi de l’autre côté. Voilà pour les aventures aquatiques 😉
Après déjeuner on s’attaque au deuxième col de la journée : Mather pass. Il est à la même altitude que Pinchot mais on part de moins bas et c’est donc 600m de dénivelé. Problème on commence à voir arriver pas mal de nuage d’un peu partout… mieux vaut ne pas trainer ! Au final je mettrais moins d’une heure et demi pour atteindre le sommet, c’était vraiment moins dur que ce que je pensais. Au sommet je ne m’attarde pas, quelques photos et sans même le temps d’enlever mon sac je repars pour essayer de descendre le plus bas possible avant que l’orage ne me tombe dessus.
Oui parce que ce qui m’arrive dessus c’est pas joli joli, c’est tout noir et ça ne présage rien de bon. Je descends donc aussi vite que possible mais c’est pas simple car c’est principalement des petits rochers ou de grandes marches (again) bref de quoi me ralentir. J’arrive quand même à mettre deux miles entre le sommet et moi. Je croiserai un couple pleine ascension, je me dis que c’est pas trop une bonne idée car ils devraient être au sommet ou pas loin quand ça va arriver mais bon chacun son délire.
Quant à moi je presse le pas, le trail étant de nouveau sans obstacle, et ça commence à toner, fort ! J’accélère vraiment car ça s’annonce violant et je sais qu’à un demi mile de là il y a un campsite où je suis à peu sûre que les autres m’attendent. Sur la fin il commence à pleuvoir un peu et le tonnerre redouble et moi je cours quasiment !
J’aperçois une rivière à traverser et je me précipite sur des rochers pour traverser. Problème arrivée au milieu y a plus de rocher, oups. Là je vois apparaître spider de l’autre côté qui me crie (j’entends pas bien à cause de la rivière et du tonnerre) qu’il y a un tronc d’arbre à deux mètres, je tourne la tête et effectivement un tronc d’arbre bien facile en plus. Bref au lieu de courir comme un poulet sans tête j’aurais mieux fait de regarder où j’allais 😀
Une fois de l’autre côté je vois des tentes partout, tout le monde cherche à se mettre à l’abri. Anne Lise a déjà monté la sienne et me propose de m’aider à monter la mienne car le vent s’est levé et c’est pas simple ! A peine on commence que c’est un orage de grêle qui nous tombe dessus ! Et pas des petits grêlons hein genre de la taille de grosses billes qui font bien mal. Je monte ma tente n’importe comment et me jette dedans. Et ça va durer près d’une demi-heure pour la grêle (j’ai vraiment eu peur que la tente tienne pas) puis encore une heure de déluge total. Et comble de malheur pour moi, je ne sais pas trop pourquoi et comment mais ma tente va prendre l’eau par le dessous, je vais éponger comme je peux avec ma serviette mais tout est bien mouillé. Heureusement que mon matelas m’isole du sol ^^
En fin de soirée le ciel va s’éclaircir mais encore une fois on aura pas fait les miles qu’on voulait faire. Et oui la montagne en septembre on le savait ça allait être compliqué 😉 j’espère juste qu’il ne fera pas trop froid cette nuit déjà que c’est bien humide ^^
[miles pct 819.5]
13/09
Disney Land
Bon ce matin c’est un peu compliqué, le sol de la tente était trempé, il a fait froid (entre 0 et 5 degrés) bref j’ai peu et mal dormi. Je remballe tout, on verra plus tard pour faire sécher. J’accroche quand même ce que je peux à mon sac (ma serviette et ma veste de pluie) histoire de me transformer en étendoir humain.
Reprise du trail et on continue la descente du col entamée hier et ce que je peux dire c’est que je suis bien contente d’aller au nord et que je plains les SOBO ! C’est vraiment terrible, des petits switchbacks bien en pente fait de roches et de grosses marches, bref la misère… pour eux 😉 moi il me suffit de faire attention à ne pas trébucher et admirer le paysage. Et comment dire aujourd’hui on a mis le paquet !!! J’ai du mal à décrire et c’est finalement Anne Lise qui trouvera les mots : « ce matin c’est Disney Land !!! » Voilà c’est tout à fait ça ! Des sommets plus beaux les uns que les autres, des lacs partout, des cascades, des gorges, le trail qui épouse la montagne. Bref le bonheur… je dois le dire Washington désolé mais aujourd’hui la Sierra a marqué beaucoup de points !!!!
Ça continue en descente pendant 10 miles et comme d’habitude c’est séchage du matos pendant la pause déjeuner. Il fait un temps superbe et très chaud donc en 5 minutes c’est réglé. Prête pour le prochain orage ! Oui parce que le ciel a beau être dégagé on se fait pas d’illusions ça peut nous arriver dessus très rapidement. En montagne ça va très vite alors on surveille ça de très près. On a d’ailleurs deux plans : si le temps se maintient on tente l’ascension du col John Muir (à 8 miles de là) et si ça se gâte c’est repli 4 miles avant à un camp en contre bas.
Pendant 3-4 miles bien que ça monte sérieusement le ciel est toujours relativement dégagé mais on commence à voir apparaître quelques nuages, pour l’instant rien d’inquiétant. Puis très vite ça se couvre, le vent se lève et c’est des nuages bien gris foncé qui arrivent d’un peu partout. Et ça se déplace très vite bref même scenario qu’hier. La décision est donc prise c’est plan b on s’arrête avant car nul de besoin de prendre des risques entre pluie et grêle pas la peine de se mettre en situation de danger en s’exposant trop.
Nous voilà donc à 16h en train de monter nos tentes. Et en fait je ne me plains pas trop car le lieux est juste très sympa ! On est à l’abri du vent et pas loin d’un court d’eau avec vue an 360 degrés sur des montagnes. Reste plus qu’à attendre de voir ce que nous réserve le temps 😉
[miles pct 834.6]
14/09
John Muir Pass & Evolution creek
Et bien finalement l’orage n’aura pas eu lieu, les nuages seront restés menaçant au dessus de nos têtes jusqu’à être chassés dans la soirée. Après deux jours consécutifs de mauvais temps nous voilà épargnés pour cette fois 😉 En plus au moment de partir je tombe sur deux cerfs dont un magnifique avec de superbes bois. C’est la première fois que j’en vois un comme ça c’est impressionnant.
Au programme ce matin finir l’ascension débutée hier du col du jour : John Muir Pass. Un des lieux célèbre du PCT notamment pour sa difficulté en cas de neige (pas le cas ici) et la hutte en pierre érigée au sommet qui sert bien souvent de refuge aux randonneurs. Il reste 4 miles à parcourir, ça monte sans trop de difficulté, au bout d’une heure et demi me voilà au sommet. La hutte est bien là, magnifique tout en pierre avec vue comme d’habitude magnifique, 360 degrés de beauté montagnarde.
Il y a aussi pas mal de marmottes absolument pas farouches qui s’approchent vraiment près. Je comprendrais pourquoi quelques minutes plus tard en voyant un randonneur les nourrir de M&Ms… qu’ils ne viennent pas se plaindre après de se faite dévaster leurs tentes et voler leur provisions. Autant ça fait de chouette photo quand elles sont si près mais en vérité je les préfère timides mes marmottes.
En revanche le coin est aussi comme d’habitude très exposé et le vent glacial rafraîchit bien comme il faut. Ce matin c’est doudoune et bonnet obligatoires 😉 Tellement qu’on ne s’attarde pas et on attaque la descente.
Le trail passe le long de plusieurs lacs ça descend relativement progressivement et c’est très agréable. Ensuite on change un peu de paysage pour de la forêt et ça commence à descendre plus violemment. Je croise un grand nombre de JMT en phase de décomposition, il faut dire que pour eux ça monte sévère et qu’il fait maintenant bien chaud en plein soleil ! Décidément je me demande s’il ne serait pas plus simple pour eux de faire le JMT dans le sens sud-nord…
En milieu d’après-midi on approche d’un autre passage mythique du PCT : la traversée de la rivière Evolution Creek. Considérée comme l’une des plus difficile à traverser car large et très souvent profonde avec du courant et des rapides puis chutes d’eau pour vous accueillir si vous avez le malheur de glisser. Mais pas d’inquiétude à cette période c’est vraiment pas compliqué : on retire ses chaussures, on remonte le pantalon et en 2 minutes on est de l’autre côté. Ceux qui ont dû la traversée en juin dernier j’imagine hallucineraient en la voyant aujourd’hui. En ce qui me concerne je suis plus enthousiasmée par le petit groupe qui nous attend de l’autre côté : une biche, un cerf et leur petits ! Juste hallucinant de pouvoir les voir ensemble comme ça 🙂
Puis ensuite c’est du plat pendant 5 miles pour rejoindre un camp près d’une rivière, en plus en bonus une chouette vue sur la montagne. On est pas mal descendu en altitude (8077 pieds soit 2500 m) j’espère donc une nuit moins fraîche.
[miles pct 855.9]
15/09
Ressuply day
Je prends la route et le trail est plat principalement en forêt, il fait un peu frais mais ça reste agréable. J’entends un gros bruit de craquement de branches un peu plus loin dans la forêt. Je regarde mais ne vois rien. Je repars et encore un gros bruit… qui ne peut venir que d’un gros animal. Je décide que c’est une trèèèès grosse biche parce que c’est gentil une biche ^^
Ce matin il nous faut parcourir 2 miles jusqu’à une jonction vers un side trail qui nous mènera au ranch John Muir. On a pas grand chose à y faire à part jeter un oeil à la hiker box réputée comme l’une des meilleures de tout le trail. En effet beaucoup de randonneurs du JMT s’envoient des paquets de ravitaillement et en largue la moitié. Bon en fait c’est surtout par curiosité et pour rigoler (surtout quand tu trouves un fouet de cuisine ou un ouvre boite qui doit peser 1/2 kilo ou un sac de 2 kilos de lait en poudre) car je n’ai besoin de rien. Le ranch est en fait juste une étape car aujourd’hui on ne retournera pas sur le pct et on va continuer sur un autre side trail qui nous emmènera à Mono Hot Spring où on a envoyé nos colis de ravitaillement.
Traditionnellement les pctistes envoient leurs colis à VVR un resort situé à quelques miles de Mono Hot Spring mais ces derniers facturent 25$ juste le stockage de votre boite. Moi je trouve ça un peu chers c’est pour ça qu’on a décidé de prendre ce chemin alternatif vers la poste pour seulement ensuite aller à VVR.
Problème on ne sait pas grand chose du sentier qu’on va emprunter, la distance et la direction à peu près mais pas le dénivelé ou l’état du trail. On verra bien 😉
Avant de partir on rencontre deux randonneurs du John Muir Trail qui nous expliquent qu’ils arrêtent là et qu’en fait ils attendent un hélicoptère qui doit venir les chercher. Wait what??? Bon moi je pense qu’ils nous pipotent mais bon leur affaire a l’air crédible : l’hélicoptère viendrait les chercher et atterrir dans un champ à 20 mn de là pour les emmener à Fresno où ils vont prendre un avion. Je reste un peu perplexe >< pour nous il est temps de repartir… à pied 😉
Nous voilà donc en direction de Florence lake dans un premier temps, via un trail principalement utilisé pour les promenades à cheval c’est donc un peu boueux ou sablonneux, bref ça fatigue un peu mais comme ça descend ou c’est plat c’est pas bien compliqué. Et en plus c’est assez joli comme environnement : un peu de forêt et des rochers avec vu sur le lac.
Et au bout de 30 mn devinez ce qu’on entend ? Oui oui un hélicoptère qui se dirige vers le champ près du ranch. Ils attendaient bien un hélicoptère 😀 comme quoi des fois c’est juste une question de budget ! On aurait dû leur demander de nous prendre en stop ça aurait été un trajet d’anthologie !
On arrive au bout du lac après 8 miles et après renseignements on apprend qu’on doit encore faire 7 miles sur une route goudronnée jusqu’à une jonction et encore 2 miles jusqu’à la Poste. Mince on pensait que c’était moins ! Bon au final on fera 3 miles et un type certes un peu « original » mais pas méchant s’arrêtera pour nous amener jusqu’à Mono Hot Spring… et oui on a encore bien de la chance 🙂 Tant mieux car il fait carrément chaud et je cuis littéralement sur le goudron.
Sur place on récupère nos colis et on mange un burger (la Poste se trouve en fait être dans le magasin d’un resort avec sources d’eau chaudes, restaurant et cabines…). On profite aussi d’un rare moment où on a du signal téléphonique pour passer quelques messages aux proches puis on se remet sur le bord de la route pour tente de rejoindre VVR.
Au bout de 5 minutes un pickup arrive et il d’agit du directeur de VVR (Spider qui y était il y a deux ans le reconnait). Ce dernier s’arrête mais nous dit qu’il ne préfère pas nous prendre et repart. En fait il a vu qu’on a récupéré nos colis directement en évitant donc de lui verser chacun 25$…. C’est de bonne guerre je trouve 😉
On est vraiment dans un coin totalement paumé et je doute qu’on trouve quelqu’un pour nous amener. Mais c’était sans compter sur l’ouverture de la chasse demain et donc pas mal de chasseurs qui se dirigent vers leur zone de chasse. En moins de 30 mn nous voilà à VVR où on passera la nuit et d’où on prendra un ferry pour traverser le lac Edison et retourner demain sur le pct.
Le camping étant gratuit on consommera au restaurant et au magasin du resort. On recroise le directeur à la caisse… sans rancune 😉
L’endroit est en fait très sympa avec tout ce qu’il faut, c’est un peu chers mais moins que ce que je pensais quand tu sais à quel point c’est loin de tout. On passera la soirée autour d’un feu de camp avec d’autres randonneurs et autant de nouvelles personnes à découvrir 🙂
[miles pct 878.7]
16/09
Nero à VVR
Réveil tranquille mais à la même heure que d’habitude à la différence près que ce matin on a pas à se presser 🙂
Vers 6h30 j’ai tellement froid (il a un peu gelé cette nuit) qu’en voyant que quelqu’un a rallumé le feu de camp je m’empresse de rejoindre le groupe de hiker déjà blotti autour du précieux chauffage.
Ensuite journée assez peu compliquée : attendre que le restaurant ouvre pour prendre le petit déjeuner, faire sécher les tentes et autres qui ont pris l’humidité pendant la nuit, faire un brin de toilette et lessive, lire, discuter, écrire pour le blog bref une journée bien sympa au bord du magnifique lac Edison (appartenant la société électrique du même nom) entouré de montagnes et de forêts.
Dans l’après-midi on prendra un bateau pour traverser le lac. Normalement il s’agit d’un ferry mais ce dernier étant hors service après qu’un des capitaine se soit pris un rocher (oups) c’est finalement dans un tout petit hors bord, dans lequel on rentre tout juste à trois avec le pilote, qu’on effectuera notre traversé. Bref une croisière privée bien agréable surtout avec la vue ! Je m’attendais pas à faire ça dans le PCT c’était un chouette moment bien fun !
Une fois débarqués on s’autorise une petite pause… non pas parce qu’on a bien marché, on a rien fait depuis hier mais simplement car comme hier on a du réseau téléphonique et c’est tellement rare dans la Sierra qu’on s’octroie 30 minutes de pause technologique 😉
Ensuite on va faire un ou deux miles pour rejoindre le PCT qu’on avait souvenez-vous quittez la veille. Puis une fois de retour sur notre précieux trail on commencera l’ascension du col Silver Pass. On ne le passera pas ce soir mais on s’en approchera le plus possible histoire de rendre la journée de demain plus facile.
Côté temps cela semble se maintenir au beau, un ranger rencontré avant hier nous disait qu’à priori cela devrait rester ainsi pendant une semaine… bon en montagne on est jamais sûr de rien mais c’est quand même positif 😉
[miles pct 881.1]
17/09
un col peut en cacher un autre
Je me réveil en réalisant pour la première fois que mon aventure pct touche bientôt à sa fin… dans 3/4 jours en effet ça sera l’arrivée au parc national Yosemite et mes derniers miles sur le trail. C’est à la fois excitant et triste de se dire que c’est bientôt fini…
Ce matin je suis la première à partir et à m’attaquer à l’ascension du col Silver Pass. Au debut c’est un peu compliqué car ça monte beaucoup avec les grandes marches maudites et les petits switchbacks. D’ailleurs je croiserai deux JMT qui me charrieront un peu en me croisant car forcément je dois avoir l’air un peu concentré… forcément c’est facile pour eux ils descendent. Je dis rien mais je rigole d’avance en pensant aux montées du John Muir ou Mather pass qu’ils devront se taper en sobo ^^
Très vite ça se simplifie et ça monte plus tranquillement, bon c’est toujours un peu frustrant car à chaque fois que je pense arriver en haut il y a une nouvelle couche de montagne avec une nouvelle montée >< bon finalement j’arrive quand même en haut la première et c’est assez rare pour être signaler 🙂 Anne lise arrive 5 minutes après suivi de spider. En haut on retrouve aussi les israéliens qu’on avait quittés à la frontière canadienne. Ils sont également de retour dans la Sierra mais en mode SoBo. Encore quelques jours pour eux aussi qui finiront leur aventure à Kearsage Pass.
Ensuite au programme de la journée une succession de montées et descentes d’environ 3 miles à chaque fois, un peu à la mode Washington quoi.
Puis je me fais un peu surprendre par une montée que je pensais tranquille et qui s’avère en fait bien costaude avec un cadeau bonus la joie de l’effectuer en plein soleil de fin de matinée. Côté trail c’est pas très compliqué, du switchback… qui switch. Finalement j’en bave plus que pour les célèbres cols des jours précédents pourtant plus réputés pour ça… Arrivée en haut je rejoins assez vite Spider qui s’est installé au bord du lac Purple qui je dois l’admettre est un des plus beau spot de déjeuner qu’on a eu dans cette aventure ! C’est juste magnifique.
Bon en revanche une demie heure passe est on ne voit toujours pas d’Anne Lise à l’horizon, et on commence à s’inquiéter. Encore plusieurs minutes et la voilà enfin qui arrive et on comprend immédiatement qu’elle ne va pas bien. Elle s’est effectivement blessé et souffre d’une vive douleur sur le bas de la cuisse et du genoux. Elle en bave beaucoup. On va essayer de strapper sa jambe mais ce n’est pas évidant de trouver le bon angle qui pourra la soulager.
On repart très tranquillement histoire de la ménager et elle finira même par s’énerver gentiment contre spider et moi qui l’attendont toutes les 15 minutes pour vérifier qu’elle va bien ^^ Bon pour le coup elle est bien courageuse.. et tenace ! 😉 donc on avancera quand même pas mal. Demain plan de replis au cas où : il restera 5 miles pour rejoindre un resort et voir si elle peut continuer.
Arrivés au camp qu’on avait repéré, c’est juste l’invasion de JMT encore tout frais qui débutent juste leur aventure et n’ont pas encore rencontré de grosse difficultés point de vue trail, ils sont donc tout enjoués et il faut le dire… un peu bruyant. Du coup on préfère s’enfoncé un peu plus dans la forêt pour s’isoler un peu. Il est 23h et nos amis JMT font la fête autour du feu de camp, visiblement ils marchent pas assez s’ils sont si peu fatigués :p Mais bon encore une fois vu la tête de ceux qui montaient John Muir ils ont intérêt à profiter 😉
[miles pct 901.1]
18/09
Red Meadows
Alors c’est officiel il fait froid :D, les tentes sont givrées et je mettrai plus d’une demi heure à me réchauffer en marchant. Bon le bonus c’est que rien de compliqué ce matin : plat ou descente et seulement 5.5 miles pour rejoindre Red Meadows où on va passer une partie de la journée : petit magasin, restaurant, douches et toilettes… what else? 😉
Arrivé sur place c’est bien un beau ranch bien typique (bon ok un ranch à touriste en vrai.. mais y a des chevaux ! ^^). Petit dej’, pas si gargantuesque que d’habitude pour moi car j’avoue saturer un peu pour ce qui est de la nourriture américaine… Ensuite on fera sécher nos affaires un peu à l’écart histoire de ne pas effrayer les autres clients parce que notre étalage type braderie ça fait quand même pas hyper classe.
On profite tous de réseau tel avec 3g pour gérer deux trois détails de l’après trail (intendance, voyages…), oui parce que le retour à la vie réelle ça va pas se faire tout seul hein 🙂 Mais bon le temps passe vite quand on s’amuse (ou quand on fait des tâches administratives…)
En milieu d’après-midi je repars avec Anne Lise dont la jambe va un peu mieux, Spider quant à lui reste pour regarder un match de foot il nous rattrapera ce soir ou demain.
On fait 4.5 miles jusqu’à un camping, bref grosse journée aujourd’hui ! ahah bon en route on croise un couple de randonneurs qui nous met en garde sur quelque chose au prochain camp.. quoi on sait pas trop car on n’a pas bien compris ils sont pressés et ne s’arrêtent pas vraiment… pas faute de bien parler anglais pourtant 😛 au début je pensais qu’ils parlaient de serpents mais ensuite ils ont dit que ça tombait des arbres et qu’il y en avait beaucoup… donc soit on se dirige vers la porte de l’Enfer soit c’est pas des serpents. On dépasse le camp en question et franchement je vois toujours pas le problème, bon le bois est un peu sec donc y a des branches mortes qui tombent, bon ça doit être ça… ne pas camper sous un arbre donc.
Quelques minutes plus tard on rejoint le camp qu’on avait repéré et bon ça fait pas trop rêver… il s’agit d’un camping abandonné un peu genre film d’horreur… c’est un peu spooky comme disent les américains. Toutes les infrastructures sont là mais un peu décrépies (ou fermées/inopérantes comme les toilettes) et c’est gigantesque avec juste nous deux au milieu… Ma foi on s’installe car ça reste pas un mauvais spot à côté d’une rivière, au plat et relativement à l’abri du vent qui commence à se lever.
Un peu plus tard dans la soirée une randonneuse expérimentée débarque et s’installe à côté de nous. Bon elle a l’air bien perchée et elle parle beaucoup mais elle est bien sympa et elle connait visiblement très très bien le coin et la Sierra en général. Elle nous parle aussi d’une nouvelle alerte météo qui annoncerait de la neige pour mercredi.. normalement on sera au parc Yosemite espérons que ça tienne.
Elle m’explique aussi que ce camp est fermé depuis pas si longtemps que ça juste pour la saison. Ah et aussi qu’il y a souvent un ours qui y traîne souvent… Information que j’évite de transmettre à Anne-Lise parce que après tout « L’ignorance est la paix de la vie. »*
j’insiste quand même pour qu’on range la nourriture dans nos bear can qu’on stockera dans les bear box du camp… tant qu’à faire 😉
Et ensuite c’est tout le monde au dodo mais autant vous dire que j’irai pas faire pipi trop loin cette nuit ! Bon et hors ours Il y a énormément de vent et il fait très froid… ça va encore être intéressant.
*proverbe Indien – Les maximes et dictons populaires de l’Inde (1873).
[miles pct 911.0]
19/09
Réveil et nuit pas si froide
Bon au final il a peut-être fait froid et du vent… Je ne saurai le dire puisque j’ai dormi comme une bien heureuse. Comme quoi je crains plus rien en fait ^^ On partage le petit déjeuner et nos discussion avec notre nouvelle amie qui s’appelle en fait Hippie Longstocking. On apprendra d’ailleurs plus tard qu’on avait bien vu de penser qu’elle était expérimentée puisqu’elle est en fait plusieurs fois triple crowner (ayant randonner le PCT, l’AT et le CDT) et aussi plein d’autres trails (The John Muir Trail, The Long Trail, The Long Path, Grand Canyon rim to rim to rim, a large part of the Florida trail, etc.) bref elle sait effectivement ce qu’elle fait. Elle une chaine Youtube ici avec quasi 200 vidéos pour ceux qui voudraient cerner le personnage. Bon elle est vraiment en dehors de ce monde (peut être les 3 pipes de tabac rigolo qu’elle s’est envoyé avant de sortir de son sac de couchage qui sait, ça détend…^^) mais elle a plein d’anecdotes sympa et aussi des conseils. Bon et moi vous me connaissez j’ai beau être sur le trail depuis quasi 5-6 mois je prends tous les conseils qu’on me donne alors c’est bien sympa surtout qu’elle est très naturelle et pas du tout condescendante comme certains thru hiker qui se prennent pour des supers héros alors qu’en vrai ils font que de la randonnée hein…
On se met en route et le trail est bien sympa pas trop de montée mais car il y a un mais parce qu’on est sur le PCT et qu’il y a toujours un « mais » sur le PCT ^^ c’est quasiment que du sable ou de la terre fine… Ce qui je vous l’accorde est génial pour ménager les petits sabots de nos amis les équidés mais pas pour les lucie dont les petits genoux et les cuisses souffrent un peu de l’exercice. Bon et ajoutez la terre dans les yeux, le nez et la bouche et vous avez un remake de Sinok des Goonies qui fait le PCT.
En revanche on ne le répétera pas assez, vue de fou pour l’avant dernier jour sur le trail, une vraie folie avec un paysage qui a l’air de changer un peu, on redescend un peu en altitude donc plus de vert moins de cailloux. Bon ça reste montagne et lac c’est toujours la Sierra hein !
On se demande par contre où est passé Spider qui au rythme où il marche aurait déjà dû nous rattraper… Bon il a dû faire grasse mat’ on devrait le voir débarquer dans pas longtemps !
Petite peur à un moment où le sentier tourne pas mal et où je ne voit pas très loin devant car j’entend un bruit d’animal qui marche assez lourdement… qui s’avérera être un groupe de cavaliers chasseurs partis en expédition (visiblement prospère si j’en crois les sacs remplis portés par les ânes qui suivent le petit groupe). Je suis rassurée car il ne s’agit pas d’une horde d’ours… mais pas non plus sereine car pas forcement à l’aise avec les chevaux… Anne Lise se moque un peu de moi car elle me retrouve à 20m du sentier… bah quoi je leur ai laissé de la place :p
Vers midi passé on s’arrête déjeuner au lac aux mille îles (1000 thousand islands lake) et c’est juste magique !! Sans une de mes vues préférées du pct ! Un lac comme son nom l’indique peuplé d’une multitude de petits îlots tout vert et bien fleuris, une eau d’un bleu électrisant où se reflètent les montagnes environnantes. Non vraiment les pauses déjeuner c’est pas facile sur le PCT 😉
Après une pause déjeuner forte sympathique donc je reprends la route et bonheur, rien de très compliqué car ça monte sans plus. Aujourd’hui je n’ai pas mal aux pieds et c’est juste le bonheur ! est-ce le fait de savoir que demain j’arrêterai de marcher, sorte d’effet placebo salvateur ? Quelque soit la raison c’est vraiment agréable, il fait beau, la montée se fait avec la vue du lac en contre-bas, on est bien… Je profite au maximum du trail.
Je crois un PCTiste déjà croisé en Californie du Sud qui a choisi de faire la Sierra en SOBO, il m’interroge sur l’état du trail, on se raconte nos petites histoires et chacun repart de son côté. C’est toujours sympa de revoir des têtes connues ! Surtout qu’aujourd’hui c’est vraiment très calme car le JMT et le PCT ne sont pas sur le même tracé pendant une bonne partie de la journée donc à part quelques pêcheurs venus camper quelques jours je marcherai seule, la sérénité semble décidément être le thème de cette journée. Anne Lise est un peu derrière car elle souffre toujours de la cuisse. Pour cette raison et aussi parcequ’on veut passer le dernier col de notre aventure demain, en prenant le temps et en profitant de la lumière matinale (et d’une météo moins risquée) on a prévu une petite journée à 15 miles.
Donc je m’exécute et au bout de 15 miles je me mets en mode recherche du dernier camp sur le PCT. En effet rien ne sert de courrir vers le final, je préfère profiter au maximum et trouver un chouette spot où passer une bonne fin d’après midi (il n’est que 15h ^^) et soirée. Emplacement que je ne tarderai de trouver : Belle vue, une rivière pas loin (mais assez pour que ce ne soit pas humide), un peu protégé du vent… banco ! En plus le camp est entouré d’énormes rochers plats où je peux me caler pour lire un livre au soleil en attendant les autres avec vue sur le prochain col à gravir et les derniers sommets de la Sierra parcourus ces derniers jours. Elle est pas belle la vie ???
Une heure plus tard je suis rejointe par Anne Lise qui semble avoir apprécié d’avoir pu prendre son temps et de la même ménager sa jambe. Elle valide elle aussi le campement 🙂 Spider qui avait finalement campé 5 miles avant nous la nuit précédente s’est aussi offert une journée zen et solitaire pour profiter du sentier. Il nous rejoint un peu après. On passera une belle soirée avec un coucher de soleil sur des montagnes comme incandescentes à discuter et rigoler, mélange de joie et de nostalgie déjà.
Demain direction Yosemite et la fin de l’aventure PCT !!!
[miles pct 926.1]
20/09
this is the end… 😉
La journée débute par un réveil féerique dans mon camp que j’aime d’amour… et j’attaque ma journée comme hier sereine et finalement pressée d’arriver à Yosemite qui rest eun des lieux pour lequel je souhaitait vivre cette aventure.
Et ça attaque assez vite car on était très proche du col Donohue pass… même pas compliqué… ou alors j’ai enfin mes hikers legs ? ^^ Ce col est finalement une formalité, il faut dire que le vent glacial s’est levé et autant vous dire que ça motive bien à avancer… comme quoi c’est juste une question d’incentive en fait 🙂 Je redescends derrière Spider suivi de près par Anne Lise. On croise pas mal de JMT et autres randonneurs qui en bavent un peu… il faut dire qu’il s’agit du premier col de leur aventure alors ça pique un peu.
Une descente par contre qui tient toute ses promesses avec un sentier bien montagneux en mode chamois que j’aime tant… des lacs et rivières… encore… et pourtant jamais lassant. Arrivé plus ou moins en bas du col je traverse une petite forêt et le terrain s’aplatit. A l’extrémité d’un pont je vois un petit groupe de randonneur qui discute et se sépare quand j’arrive à leur niveau, parce qu’ils partaient hein pas parce que je leur ai fait peur ^^ enfin je crois… ou alors mon charisme qui les a éblouit ? ^^. Bref quand j’arrive au niveau du randonneur resté en arrière on se salut et alors que j’allais largement lui passé devant sans trop le calculer il fait mine de vouloir me parler. Il m’explique qu’il est là pour vérifier les permis… Bon là en y regardant mieux je vois son badge de ranger ^^ oups. Il est très sympa et un peu surpris de me voir vraiment très heureuse de sa demande. Faut dire que je suis limite hystérique parce que comprenez moi je trimbale mon permis depuis 6 mois dans mon sac et JAMAIS personne ne me l’a demandé.. c’est frustrant quand même ! Bref je lui sors le précieux sésame toute excitée et quand il comprend que je fais le PCT et que je lui explique que c’est mon dernier jour et que c’est la première fois qu’on me le demande il semble moins surpris de mon état 😉 et là vous vous dites que je suis bien la seule à être contente de se faire contrôler son permis ? et bah non parce que Anne Lise arrive et se trouve dans le même état ! ahah ça fait sourire le ranger qui nous demande aussi si on a des bears canisters… Of course ! Vous voulez la voir ? Non ça ira je vous crois… nan mais si regardez elle est là (Lucie en mode relou j’ai 5 ans et demi quoi). Il nous pose quelques questions sur notre aventure et aussi sur l’état du sentier et nous demande où on se dirige pour la nuit. Quand on lui dit qu’on va camper dans un des camp de Yosemite il semble rassuré… bon là voyez on aurait dû se méfier et se demander pourquoi il nous posait la question ^^ wait for it… on comprendra pourquoi ce soir.
On reprend la route et là comment dire ça va changer du tout au tout… c’est vert et plat… mais super plat et super vert avec des arbres tout pareil et une clairière toute pareil…. tellement que en fait très vite ça m’ennuie mais vraiment, voir ça m’énerve beaucoup. Je sais je suis jamais contente 🙂 Bon alors je marche quoi 😉 Je fais des pauses et les autres me rejoignent et me dépassent parce que je suis pas vraiment en mode fusée. Ça sent la fin aussi alors forcement je traîne les pieds, j’ai genre une journée entière pour faire 10 miles donc pas vraiment pressée par le temps non plus. En plus il fait relativement beau, le ciel est tout juste voilé mais sinon il fait assez bon, les oiseaux chantent tout ça tout ça.
Plus je me rapproche du parc Yosemite plus je croise du public venu randonner (ou juste se promener) dans le coin, ils auraient tort de s’en priver surtout que ça redeviens très sympa avec un mix de forêt et de rochers géant polis assez atypiques formant d’énormes. Bon et c’est aussi un des lieux le plus visité des États Unis alors même en Septembre il faut s’attendre à croiser du monde 🙂 Mais je pense qu’on est assez priviligié car au final on croisera au max 20/30 personnes, j’imagine qu’en haute saison ça doit juste être la folie.
Juste après un pont qui surplombe une rivière asséchée je retrouve Spider arrêté là pour déjeuner. Il me demande si j’ai croisé Anne Lise… euh non grand classique j’ai du la dépassé mais aucune idée de où et quand. On la verra débarquer 20 minutes plus tard elle est visiblement dans le même mode « traînage des pieds » que moi ^^ Elle a fait une pause au bord du sentier et m’a pas vu passer non plus… pourtant c’est pas faute de marcher ensemble depuis 5 mois. On reste un peu à observer les chimpmunk, écureuil et autres rongeurs obèses sur-nourris par des visiteurs trop contents de pouvoir les approcher et se prendre en photo avec eux. Au moins ceux-là on des réserves pour l’hiver ! tant mieux car pas sûre qu’ils aient un jour appris à chasser ou cueillir quoi que ce soit…
Quelques minutes de marche et c’est l’arrivée dans le parc. C’est assez peu spectaculaire en fait car il faut longer une route pour atteindre le camping où on espère pouvoir camper et un peu plus loin le magasin ou on pourra se restaurer et enfin la Poste d’où je pourrai envoyer (cette fois définitivement) ma bear canister et la retourner au programme d’emprunt dont j’avais bénéficié. Rien de trop compliqué donc, le vent se lève un peu mais rien d’impressionnant. J’arrive devant le magasin où Spider m’accueille avec une bière et on se félicite car ça y’est pour nous le PCT c’est terminé ! 5 mois et quelques de marche ensemble ça se fête 🙂 D’ailleurs Anne Lise me suit de près et ne tarde pas à nous rejoindre 🙂
Au magasin où on achète du bois à brûler pour ce soir et quelques victuailles on discute avec le caissier qui nous demande quand on est sur le pas de la porte si on est prêts pour la tempête de neige, il rigole alors on le prend pas plus au sérieux que ça et on lui répond qu’on est prêts à tout 🙂 On se dirige donc au bureau des rangers qui gèrent les permis pour le camping. Ces derniers sont basés sur le principe du premier arrivé premier servis alors on croise les doigts pour avoir encore de la place. Au final il y a un spot réservé pour les PCTistes et JMTiste et vu la tardiveté dans la saison il reste de quoi faire. On a donc notre emplacement (pour une fois pas à 15 miles de toutes commodités -ou comme on l’appelait dans les autres camp la quarantaine-) avec une bear box et un cercle pour faire du feu avec grill si jamais l’envie de cuisiner nous venait à l’esprit.
On passe une bonne soirée au coin du feu (un peu compliqué à maintenir je l’avoue il fait très humide… pas mon meilleur feu ^^) à discuter avec un papy original et fort sympathique qui termine un trek car il doit se rendre à l’anniversaire d’un de ses petits enfants. On fête comme il se doit la fin de notre aventure PCT mais en bon randonneurs vers 22h max c’est tout le monde au lit.
THE END
suite (BONUS)
En pleine nuit j’entends discuter et j’entends un gros bruit sourd, dans mon état semi-comateux-parano je pense à un coup de semonce (souvent fait par les ranger dans les parcs quand des ours s’approchent trop près), je me rendors… Vers 2-3h du matin ma tête touche la toile de tente, je pense avoir glissé en dormant (pourtant je n’ai pas planté ma tente sur un terrain en pente), je me recale toujours à moitié endormie et me rendors. 15-30 minutes plus tard j’entends des voies et là je commence à m’agacer parce que ça va bien je voudrais dormir moi ! Bon et puis j’ai re glissé (ça m’arrive jamais pourtant) et j’ai carrément la toile de tente qui appuie sur mon visage… euh… en fait c’est la tente qui est effondrée sur moi ??? WTF ? je repousse la toile vers le haut et y a comme un gros poids… froid qui glisse. Bon là du coup ça me réveille et après quelques secondes de vide intersidéral dans mon cerveau je comprends 1/ que c’est de la neige et 2/ qu’il y en a beaucoup ! Vous vous souvenez le ranger qui était rassuré qu’on ne reprenne pas le trail ce soir ou demain ? du gars au magasin qui nous avait parlé d’une tempête de neige ? les signes étaient pourtant là et ils étaient gros ^^
J’entre-ouvre ma tente par la fermeture du haut parce que en bas c’est complètement enseveli et je note en effet qu’il y a un bon 15 cm de neige et qu’il neige toujours. Bon au final pas tant que ça mais ça surprend forcement un peu. Je comprends que le gros bruit que j’ai entendu tout à l’heure c’était l’arbre au dessus de ma tête qui s’était déneigé sur ma tente… Je referme je repousse la neige de ma tente depuis l’intérieur (pas question que je sorte), je secoue je tape sur les parois histoire de redonner forme acceptable à mon petit abris. La neige est bien lourde et humide, m’est avis que s’il gèle ça va être sympa de désincarcéré tout demain matin… Je me rendors parce qu’au final c’est que de la neige et que demain il fera jour.
Au final je serait debout autour de 4h30-5h parce qu’il fait très froid et que forcement avec toute cette neige humide et gelée la condensation est juste dingue bon et puis c’est tout joli dehors alors j’ai envie d’aller voir. Et c’est vraiment très jolie 🙂 Je suis aussi bien contente de ne pas être au camp d’hier juste avant le col dont la descente dans la neige gelée aurait pu être un peu dangereuse. On avait bien fait de caler notre programme en fonction des infos données par « hippie long stocking » l’autre jour et de pas prendre de risque.
Bon s’en suivra une journée un peu galère avec :
- décongélation difficile de toutes nos affaires (et nous) et séchage impossible (opération roulage en boule du matos trempé en espérant ne pas en avoir besoin ce soir)
- le magasin qui pourrait nous vendre un café chaud histoire de nous réchauffer (parce que il neige plus mais il fait très frais là) n’ouvre qu’à 9 ou 10h (je sais plus) et pas sûr qu’il ouvre tout court car c’est un l’état de siège ici dans le parc
- l’unique route qui nous permettrait de sortir du parc est fermée à la circulation (pourrait rouvrir à midi.. ou pas)
- j’ai dit qu’il faisait froid ou pas ^^
- un peu compliqué des trouver des voitures pour nous prendre en stop. Il faut dire qu’on ressemble (et on sent sans doute) à des chiens mouillés et que dès qu’on s’éloigne du circuit PCT il est plus compliqué de trouver. Ce que je comprends en fait totalement… Bon et en plus je vous ai dit qu’on veut aller à San Francisco ou pas ? ça fait genre 5-6 heures de route en fait ^^
- il est possible qu’à un moment quelqu’un ait appelé la police nous voyant au bord de la route… l’agent déployé sur les lieux nous expliquera qu’il est interdit de faire du stop sur une highway (nationale) en Californie. Mais on fait ça depuis 5 mois ?? tais-toi Spider tu n’aides pas là… bon au final l’officier était sympa (surtout après avoir vérifier nos identité avec son « Central » et vu qu’on étaient clean) et nous indiquera un Starbuck à 5 mn à pied avec du wifi pour appeler un Uber. Au final il ne restait plus grand chose pour rejoindre un train qui nous mènera à San Francisco
Bref le PCT qui jusqu’au bout nous rappellera que c’est lui qui commande et que vos plans tout établit là.. bah vous y attachez pas trop 🙂
Voilà cette fois c’était le dernier article (il était temps ^^) de mon « journal du trail », je ferai d’autres articles sur mon retour d’expérience, les photos (que je dois trier et c’est pas gagné, il y en a beaucoup.. je blame le PCT et son côté carte postale permanente), le matériel, ou autres divagations de l’esprit dont je pourrai être inspiré. Merci de m’avoir suivi, soutenu (en particulier mes amis et ma famille), dans cette aventure… et quelle aventure que j’ai faite et construite comme je le souhaitait en apprenant parfois durement que planifier c’est bien mais vivre pleinement l’expérience c’est mieux. Et enfin pardon d’avoir parfois chounier (mais ça faisait du bien), et pour les tartines interminables que j’ai pu écrire 😉
And now back to real life…
lucie
« You’re off to great places! Today is your day! Your mountain is waiting, so get on your way! » Dr Seuss
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